Ecrivez, jeunesse !

Roulez Jeunesse!

Le contenu :

Le spectacle commença subitement avec les comédiens venus devant en courant. Ils étaient habillés comme des lycéens et s'étaient fait passer comme tels en essayant de se chercher une place de spectateur. Vers le milieu de la salle, ils se sont mis à courir et sont montés sur scène. Ils se sont assis sur les chaises tournées côté cour et ont commencé à parler entre eux, à jeter des boulettes de papier. Ils étaient au lycée. Plus tard, ils se sont retrouvés dans leurs chambres, à l'extérieur, dans la rue, devant leurs ordinateurs, à une soirée, aux toilettes, ... Ils ont interprétés une fête où les filles et les garçons ont échangés leurs vêtements, un slam, ils ont joué des baisers (à distance), quand ils vomissent après avoir bu, un moment entre potes, devant un film pornographique, devant les écrans de leurs ordinateurs, ils ont joué de la batterie seul ou à deux, ont montré des moments d'hésitation, de timidité, de manque de confiance, de découverte. Tous les moments qui peuvent être vécus pendant toute notre adolescence en même pas deux heures.

La scène :

Sur scène se trouvait dans le fond une batterie avec un micro, côté jardin se trouvait la "réserve" avec également un micro et le reste du plateau était libre après avoir enlevé les six chaises. Les comédiens se changeaient donc sur scène, devant nous.

Le choix du titre :

Lors des fêtes foraines, les personnes qui s'occupent des montagnes russes ou autres, crient "Roulez Jeunesse". Luc Tartar a donc choisi d'intituler sa pièce ainsi car il trouvait que cela allait bien avec le thème de l'adolescence, le thème de sa pièce.

Organisation de la pièce :

La pièce est écrite par scènettes, c'est-à-dire par morceau. Ce n'est pas une histoire qui se déroule le long d'un fil. Les scènettes peuvent être jouées dans n'importe quel ordre. Certaines scènettes ont été supprimées du spectacle par Marie Normand et n'ont donc pas été jouées dans l'ordre dans lequel elles ont été écrites. Dans le livre, aucun nom n'est donné de telle manière que n'importe quel comédien (homme ou femme) puissent la jouer mais également pour que tout le monde puisse s'y identifier.

Extrait :

Elle est dedans je suis dehors je monte sur la marche on s’embrasse pchttt je descends la porte du bus se ferme et nous arrache le cœur les bras les lèvres le ventre et tout ce qui s’ensuit. Le bus démarre elle fait un signe de la main et déjà elle manque à ma vie. Qu’elle soit là. Quand je marche dans la rue Simon Bolivar. Qu’elle soit là. Quand je traverse la cour de mon immeuble. Qu’elle soit là. Quand j’appelle l’ascenseur. Qu’elle soit là. Dans l’ascenseur. Qu’elle soit là. Quand j’ouvre la porte de mon appartement. Qu’elle soit là. Quand je dis bonjour à ma mère quand je dépose mon sac dans ma chambre quand j’allume la télé quand je grignote un truc dans la cuisine quand le vieux finit par rentrer quand il me dit des mots que je lui réponds puis qu’on se tait devant la télé. Qu’elle soit là quand ils vont se coucher. Qu’elle soit là quand je reste seul. Qu’elle soit là quand j’éteins la télé. Qu’elle soit dans mon lit. Qu’elle me caresse. Qu’elle soit dans mes rêves. Qu’elle soit là quand je me réveille. Qu’elle soit sous la douche dans mon jean dans mon sac. Qu’elle soit sur ma route. Qu’elle soit au lycée dans la cour dans ma classe sur mes genoux dans mon stylo sur ma feuille. Qu’elle soit en cours de math en anglais à la cantine. Qu’elle soit dans mes frites dans mon estomac dans mon ventre. Qu’elle passe dans mon sang qu’elle irrigue mon corps qu’elle hydrate ma peau. Qu’elle soit dans mes mots dans mes gestes dans mes soupirs dans mes rires. Qu’elle soit dans ma tête. Qu’elle soit dans ma montre. Cinq heures. Qu’elle soit dans ma vie. Je suis dedans. Elle est dehors. Elle m’attend à la sortie.

La réponse est oui.
- Nous sommes sous la tente. Il est allongé à côté de moi. Je sens battre mon cœur. Tu comprends. A côté de moi. Lui. Lui que je n’ose pas approcher. Que je n’ose même pas regarder. Allongé. Comme ça. A côté de moi. A portée de main. Oh là là. Tous les deux sous la même tente. Comment je sens battre mon cœur. Je te raconte pas. J’ai plus de salive. Alors là. Plus de salive. C’est la nuit. On est tous les deux sous la même tente et moi j’ai plus de salive. Dehors on entend les grillons et tout il est là à côté de moi et moi je peux rien faire. Je me raidis dans mon duvet. J'entends bouger le sien et tout à coup il fait « la réponse est oui ». Je te raconte pas le choc. Je déglutis je me raidis et dans ma tête ça se bouscule : la réponse la réponse quelle était la question quelle question tu te rends compte il me fait « La réponse est oui » et moi j’en suis à me demander quelle est la question. J’aurais dû crier « Viens » ou « J’arrive ». C’était si simple de lui sauter dessus. Au lieu de ça je m’excite et je me mets à parler parler parler alors que j’ai plus de salive et que j’attends qu’une chose c’est qu’il me caresse et moi je parle je parle je parle et du coup on n’a rien fait.

- Non ?

- Il s’est endormi.

J’ai vingt ans et j’ai pas fait l’amour.
Personne m’a jamais embrassée
Ni sur les lèvres ni dans le cou
Personne m’a jamais touché les seins
Personne m’a caressé le dos
Personne n’a mis sa tête sur mon ventre
Personne m’a serrée dans ses bras
Personne pour me susurrer des mots à l’oreille
Pour me chatouiller sous les bras
Pour passer les doigts sur mes cicatrices
Personne dans mon lit au réveil
Personne pour m’offrir des culottes
Personne pour me voir toute nue
Pour me déshabiller
Pour entrer dans la salle de bain et plonger dans mon bain
Personne me suce les orteils
Y’a pas de main sous ma jupe
Personne pour me caresser les fesses
Personne pour entrer en moi
Personne pour me dire Je t’aime
Personne pour me faire jouir
Un sexe sec à pleurer
J’ai vingt ans et j’ai pas fait l’amour
J’ose pas le dire.

Comédiens :

Impressions, avis :

- J'ai beaucoup aimé ce spectacle. Il représentait vraiment la réalité. On était dedans et on avait l'impression d'y être. Certains moments étaient amusants et on avait parfois l'impression de voir des choses que l'on avait déjà observées dans la vraie vie. Ce spectacle était un travail énorme à préparer pour que nous puissions le voir. Je ne regrette pas. C'était génial ! à refaire !

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